STAT 4 SPRT

La performance décryptée par la donnée

Bilan 2024/2025 – Ligue 1 – Gardien de but

Nous proposons dans cet article une analyse approfondie des performances des gardiens de but en Ligue 1 française au cours de la saison 2024/2025.

Seules les performances en championnat sont donc retenues.

La méthodologie utilisée est personnelle et peut prêter à discussion. Elle vise à objectiver, autant que possible, le rôle du gardien au travers de plusieurs dimensions statistiques. Vos retours et remarques sont les bienvenus afin d’enrichir le débat. contact


La méthodologie

Seuls les gardiens ayant disputé au moins un tiers des matchs ont été pris en compte. Leur évaluation repose sur quatre critères principaux :

Chaque critère est noté sur 20, selon une échelle normalisée.

La moyenne des différentes notes, avec une pondération particulière pour les arrêts (coefficient de 4 car le rôle principal du gardien est d’arrêter les tirs de l’équipe adverse) permettra d’obtenir une note finale et de réaliser un classement des portiers de Ligue 1.


Les arrêts

Nous n’allons pas nous intéresser au nombre de buts encaissés, de clean sheet (matchs sans encaisser de but) ou d’arrêts effectués. Certains gardiens sont nettement plus sollicités que d’autres et certains tirs plus difficiles à arrêter.

Nous avons mobilisé la donnée Expected Goals on target (xGot), qui mesure la probabilité qu’un tir cadré se transforme en but selon certaines variables, comme par exemple sa puissance et sa précision. A l’aide de cet indicateur, nous allons calculer le nombre d’arrêts théoriques qu’un gardien devrait réaliser selon la formule suivante :

Arrêts théoriques = tirs cadrés hors penalty × xGot moyen par tir

En comparant ce résultat avec le nombre d’arrêts réels effectués, nous allons pouvoir calculer un rapport qui permet de mesurer l’efficacité relative du gardien, selon la méthode suivante :

taux arrêt = (arrêts réels – arrêts théoriques) / arrêts théoriques

Les résultats apparaissent sur le graphique ci-dessous :

L’analyse de ce graphique nous permet de voir que plusieurs groupes de gardiens se dessinent :

En fonction de ces résultats, nous donnons une note normalisée de 0 à 20 centrée sur 10. Ainsi, Yehvan Diouf obtient une note de 20 puisqu’il a le meilleur taux, Arthur Desmas une note de 10 puisque son taux est égal à 0 et Mandanda une note de 0 pour avoir le taux le plus bas de ligue 1.


Les penaltys

Bien que rares (un toutes les trois rencontres en moyenne), les penaltys représentent un moment clé d’un match où le gardien peut influer directement sur le score et sur la dynamique psychologique d’un match.

Nous allons appliquer un barème aux différentes statistiques à notre disposition pour calculer un « score penalty ».

Barème appliqué :

. + 6 points pour un penalty arrêté (1 sur 6 cadrés a été stoppé cette saison).

. + 3 points pour un penalty non cadré.

. – 1 point par penalty subi (afin de normaliser les opportunités d’arrêt).

. –2 points pour une faute du gardien entraînant un penalty.

A ce petit jeu, c’est Gerónimo Rulli qui s’en sort le mieux en recoltant 8 points (notamment grâce à ses 3 penaltys arrêtés sur 6 cadrés), suivi de près par Brice Samba.

Lucas chevalier, avec 4 penaltys encaissés sur 4 tentés, et Anthony Lopes (4 penaltys encaissés, 1 penalty raté et 1 penalty provoqué) ferment la marche.

En fonction de ces résultats, nous donnons de nouveau une note normalisée de 0 à 20 centrée sur 10.


Les sorties aériennes et la gestion de la profondeur

Deux indicateurs à notre dispositions sont utilisés :

. Le pourcentage de centres interceptés reflète la capacité à sécuriser la surface sur coups de pied arrêtés et centres.

. Le nombre d’actions défensives hors surface illustre la gestion des ballons joués dans le dos de la défense.

Il est intéressant de relever que de vraies différences existent entre les gardiens concernant ces statistiques selon le profil tactique de l’équipe.

Le pourcentage de centres interceptés par le gardien va de 1% pour Guillaume Restes à 11% pour Mathew Ryan, avec une moyenne globale de 7 %.

Pour la gestion de la profondeur, Gerónimo Rulli, Marco Bizot et Đorđe Petrović interviennent 2 fois par match alors qu’Anthony Lopes et Arthur Desmas le font moins d’une fois tous les 2 matchs.

La note obtenue pour les sorties est la moyenne des notes normalisées obtenues pour chacun de ces 2 indicateurs.


Le jeu de passes

Le gardien moderne est souvent le premier relanceur de son équipe. Nous avons donc pris en compte la qualité des passes, qu’elles soient courtes ou longues, ainsi que le volume de passes tentées et le nombre d’erreurs entrainant une occasion de l’adversaire.

Nous remarquons que Đorđe Petrović participe activement à la relance et au jeu du RC Strasbourg avec quasiment 50 passes tentées par matchs, son dauphin dans ce classement, Brice Samba, étant à seulement 37 passes.

La note obtenue pour le jeu de passes est la moyenne des notes normalisées obtenues pour chacun de ces 4 indicateurs (pourcentage de passes courtes réussies, pourcentage de passes longues réussies, nombre de passes tentées par match et nombre d’erreurs par match).


Le classement final

Vous trouverez ci-dessous l’ensemble des résultats pour chaque gardien ainsi que son classement pour la saison 2024/2025 :


L’analyse détaillée

. Le podium se compose de Yehvann Diouf (Reims), Đorđe Petrović (Strasbourg) et Yahia Fofana (Angers), ces 3 gardiens se distinguant par une grande efficacité malgré des profils différents :

. Dans le groupe suivant, on retrouve Donovan Léon (Auxerre), Gerónimo Rulli (Marseille), Brice Samba (Lens & Rennes), Lucas Chevalier (Lille) et Mathew Ryan (Lens), valeurs surs de cette saison :

. Plus bas dans le classement apparaissent des gardiens en difficulté au profil plus contrasté

Le classement met en évidence deux grands profils de gardiens :

Il confirme également que le critère le plus discriminant reste l’efficacité dans les arrêts : un gardien peut compenser des lacunes dans le jeu au pied ou sur penalty, mais l’inverse est rarement vrai.


Limites de l’étude

Cette analyse repose sur une base de données open source, qui présente certaines lacunes :

L’objectif ici n’est pas de remplacer l’œil aiguisé humain, mais de mettre en avant certains aspects du rôle de gardien de but de manière objective et chiffrée.